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A l'ivoir de mes yeux, à mes songes, à l'oubli des heures du sud, au cadran d'un ailleurs parcouru et invisible
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8 avril 2006

Dialogue pour une femme _ Premier chapitre, troisième partie

J’irai cracher mon bonheur douloureux depuis la cime de l’Everest. Je conquérrai les espaces inhabités de l’univers. Je solliciterai l’intelligence des intelligences extraterrestres, je créerai de nouvelles civilisations pour qu’elles crient les louanges de mon amour. Pour peu qu’elles y consentent, les autres femmes broderont pour moi une robe à nul autre pareil. Elle surplombera les océans. Elle recouvrira les cieux inhospitaliers. Elle fera de l’ombre au désert de lumière et de sécheresse. Elle fera pleuvoir là où il n’a jamais plu. Elle sera brodée par le jour et par la nuit. Je volerai à peau d’âne, son cadavre de manteau. Je mentirai au confesseur de l’humanité. Je montrerai du doigt pour qu’on remarque que j’existe. Je ferai lire au passant ma vie sur mon visage. Mon corps deviendra livre. Ma peau deviendra lit. Je serai ta demeure, je serai ta couche, je serai ton berceau et ton cercueil. Je serai ta mère, ta sœur, ton amie, ton enfant pour peu que tu me laisses devenir ta femme. J’irai partout où tu iras pour bâtir ton chemin sous tes pas. Je surveillerai dans l’éclat de la nuit si tes yeux m’aiment encore. A chaque seconde je serai à toi et tu seras mien. Entend-tu quand je te parle ? Entend-tu avant que ne vienne le tremblement des âmes ? Ecoute donc un peu le chant dévoilé de mon être. Ne t’agite pas en sursaut, la nuit est longue comme deux vies. Je te retirerai bien la tienne si tu voulais m’échapper. Je lancerai un filet sur le Styx pour récupérer ton âme qui descend vers les enfers. J’envoûterai, comme Orphée, le chien à trois têtes pour subtiliser son autorité à Hadès. Je lancerai la furie de Cerbère sur mes souvenirs si jamais tu ne m’aimais pas. J’éteindrai toutes les lumières, la terre deviendra sombre. Le dessin lumineux des villes sur la bille que l’on voit depuis l’espace ne sera plus qu’une persistance rétinienne. Les cris des lampes s’éteindront lentement sur mon passage. Mes pas seront douleur sur le cœur des gens. Je frapperai injustement. Je serai la main vindicative de l’injustice puisqu’elle m’aura parcouru tout le long du corps et de l’âme avec l’excès d’un coup de foudre sur une épingle. Ma tête argentée sera froide et glacée. Qui pourra la résonner dans sa folie. Je jetterai ma vie sur les routes pour faire des accidents. J’enfoncerai ma désillusion dans les hommes que je rencontrerai. Il mouront d’indifférence comme des vampires traversés par des pieux. J’ajouterai toute mon invention pour décupler les plaies d’Egypte. Je verserai sur les autres mon déluge de souffrance. Je brûlerai tout ce qu’il y a de beaux pour que rien ne te rappelle à mes souvenirs. Je brûlerai même mes souvenirs. Je jetterai à la mer une corbeille de pétale de rose rouge et je tenterai de les retrouver un par un. Mon supplice écrasera ceux de Tantale, Prométhée et consort

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