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A l'ivoir de mes yeux, à mes songes, à l'oubli des heures du sud, au cadran d'un ailleurs parcouru et invisible
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29 avril 2006

Un peu d'été avant l'heure _ Troisième & dernière Partie

Alors que le repas touche à sa fin et qu’un grand thermos de café s’approche à travers champs, l’hôte a l’idée de faire descendre des clubs de golf qu’il a trouvés dans un vide grenier. Aussi tôt dit aussi tôt fait, on envoie un petit groupe s’emparer de la récente acquisition. Chacun en profite pour faire un petit commentaire sur ce beau sport qu’est le golf, quoi qu’aucun n’en aie pour ainsi dire jamais fait, et que tous figurent en néophyte de la discipline. Cela n’empêche de juger avec le plus grand sérieux les clubs et la sacoche que les enfants tirent un comme un char. On dispute un peu les apprentis caddies et on revient à nos moutons. C’est sur, le maître des lieux a fait une bonne affaire. Tous s’accordent là dessus, sans hypocrisie et avec une bonne foi qui n’a d’égale que l’aplomb avec lequel ils s’empressent de donner leurs avis. Faute d’un parcours avec des trous, on trouve très vite des règles plus appliquées à la situation. Les compétiteurs, golfeurs petits et grands, se mettent en place sur une rangée, chacun un club de calibre extravagant dans les mains. Face à eux un grand champ vide. Il va de soi que celui qui tirera le plus loin sans perdre sa balle, recevra les louanges de ses paires. Femmes, enfants et hommes se relaient sur la ligne pour tenter leur chance. On reconnaît les plus nerveux qui labourent la terre sans jamais toucher leur cible. Il y a aussi la gente féminine qui craint sans doute de casser la balle, et se contente de la faire tomber de son tee. Mais comme c’est une femme qui a fait, sans l’ombre d’un doute, le meilleur shoot, les hommes s’y mettent sérieusement et retroussent leurs manches. Rien à faire. Il y a, il est vrai, comme ils le font si bien remarquer des conditions de vent désavantageuses, et surtout les clubs ne leur semblent plus de si bonne qualité. Même leur propriétaire en convient. Les jeunes réapparaissent. Ils soumettent avec un air perplexe les projets pour la soirée, qu’ils ont eu tout le temps de fomenter durant leur retraite. Ce sera l’objet d’âpres négociations jusqu’à la nuit tombée. Car le soir est déjà là. On remonte les tables, les caisses vides et les plats sales. Arrivé à la maison, tout le petit monde se met autour d’une grande bassine. En quelques minutes la vaisselle est faite. Certains rentrent chez eux, d’autres s’attardent encore un peu et font durer le plus tard que possible cette belle réunion. D’autant qu’il faut finir les restes. Les jeunes, après moult consensus, s’en vont en vélo pour faire un tour dans la ville proche. Ils iront vivre quelques émois de vacances. Il y aura eu quelques blessés, des pleurs de fatigue. Mais à présent les plus petits se sont endormis, bien fatigués de cette longue journée. D’autres enfants, un peu plus âgés, se sont installés devant un dvd. Les moyens, âge le plus malheureux, se sont enfermés dans leurs chambres et pleurnichent du fait de n’être pas partis avec les aînés. Les parents quant à eux se sont installés sur la terrasse. Ils ont ressortis l’apéritif, le saucisson, les olives et les biscuits salés, la bouteille de pastis, du Martini, du whisky, de la Suze et des glaçons. Là un long silence. Au loin le soleil se couche, et la nature crie de partout en accompagnant le chant des grenouilles. Il n’y a plus de mots dans leurs têtes, juste l’image de cette journée qui s’en va et de tout le bonheur qui leur reste. Ils ont mis leurs pulls sur leurs épaules et contemplent, impassibles dans leurs chaises en osier, l’été qui passe comme un vent chaud. L’été qui passe et qui revient dans mes souvenirs de gloires simples, de félicités naïves. Cette saison de mes rêves n’est pas derrière moi. Souvenir proche autant que lointain. Souvenir d’hier et demain. Je regarde le soleil se levé doucement sur ma vie. J’ai trouvé ma saison. Je n’ai plus qu’à trouver la maison, le champ, le gros arbres et bien sûr la compagnie qui va avec.

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